Plusieurs médicaments utilisés au quotidien ont des effets qui seront différents si la température change beaucoup. La nicotine et l’alcool, par exemple. Ces substances contribuent à vider davantage le corps de sa chaleur. L’effet de l’alcool est encore plus traitre, car il donne l’impression de réchauffer. Mais cette illusion ne dure pas. L’alcool fait dilater les vaisseaux sanguins, ce qui abaisse la pression sanguine. En réalité, on ne se réchauffe pas. C’est la chaleur corporelle qui sort plus vite! Quant à la nicotine, celle-ci empêche le sang de bien circuler dans les extrémités du corps, les doigts et les orteils, les premières parties du corps à souffrir du froid. Beaucoup de produits pharmaceutiques sont affectés par la météo. La température, l’humidité, la présence de soleil, même la pression barométrique a des impacts à ce chapitre. L’aspirine, la cocaïne, l’alcool, la marijuana, de même que certains antidépresseurs auront des effets différents en fonction du mercure ambiant. Le médicament en tant que tel ne change pas. C’est le corps qui change au fil des saisons et des jours. Certains médicaments réagissent avec la pression et n’auront pas le même effet en montagne ou en avion. Des changements brusques à la météo peuvent causer des fluctuations imprévues dans la puissance du médicament et son potentiel toxique. Les conséquences peuvent être dramatiques. En France, suite à la vague de chaleur mortelle qui a touché Paris en 2003, il a été établi que certains traitements médicamenteux avaient favorisé des coups de chaleur mortels.[1] Les médicaments oraux comme l'insuline ont une plage de température thérapeutique en dehors de laquelle le produit perd de son efficacité. Même si les personnes diabétiques savent qu'il faut protéger les médicaments contre la chaleur, les sondages révèlent que 37 % des patients laissent toujours leurs médicaments à la maison ou dans l’auto, à la chaleur ambiante… Les fabricants pharmaceutiques recommandent que les médicaments soient toujours entreposés à une température ambiante de 20 à 25 degrés Celsius. En vérité, c’est généralement la plage de température à laquelle les fabricants garantissent l'efficacité de leur produit. Pendant les vagues de froid ou de chaleur, la température des endroits habituels où les gens gardent leurs médicaments peut être beaucoup plus élevée ou plus basse. Ces conditions dégradent la puissance du produit. Pour les patients atteints de diabète ou d’une maladie cardiaque, une dose plus grande ou plus faible d'insuline ou de nitroglycérine peut être mortelle. Tous les types de tests sanguins qui utilisent des bandes qu’on se met sur la peau, comme ceux utilisés pour tester les niveaux de sucre dans le sang, la grossesse ou l'ovulation, sont extrêmement sensibles à l'humidité. Si l'humidité colle aux bandes, celle-ci va diluer l’agent actif et peut causer une fausse lecture. Gare aux jours de canicules dans ces situations. Pour leur part, les médicaments qui contiennent des hormones comme la pilule contraceptive sont très vulnérables aux changements de température. Gardez toujours vos médicaments dans un endroit frais et sec, à l’abri des rayons du soleil. Et surtout, jamais dans l'armoire à pharmacie usuelle. C’est souvent le pire endroit pour garder ses médicaments en raison de la grande humidité et de la température habituellement plus élevée dans la salle de bains. L’humidité a la fâcheuse habitude de faire dissoudre rapidement les comprimés. [1] Cusak L, de Crespigny C et Athanasos P. Heatwaves and their impact on people with alcohol, drug and mental health conditions : a discussion paper on clinical practice considerations. Jan 2011, 67: 915-922
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Les médias rapportaient récemment que la grippe frappe beaucoup moins cet hiver comparé à l'an dernier. Bien entendu, l'hiver est jeune, mais n'empêche. Que se passe-t-il avec le virus cette année? Or, la réponse est simple. Les mois de septembre, octobre, novembre et décembre ont été les plus chauds jamais relevés dans l'histoire du monde. Au Québec, le mois de septembre a été le plus chaud depuis que des données d'observations ont débuté à l'aéroport Dorval il y a 75 ans. Or, le rhume est une infection des voies respiratoires qui fluctue beaucoup avec les écarts de température. Plus il fait froid et plus le virus est virulent. Des recherches portant sur les facteurs de développement du virus de l'influenza lors d'épidémies en Europe sur des périodes très longues ont montré une synchronisation parfaite du virus d'un pays à l'autre avec les vagues de froid. En Allemagne, en Norvège et en Suisse, dans les mois de janvier à mars, deux semaines après un influx soudain d'air très froid, le nombre de cas explose chaque fois. Le même phénomène est observé au Québec: lorsque le temps est doux, la grippe et le rhume restent peu actifs. Puis, le passage de fronts arctiques déclenche des épidémies. Mais qu'est-ce qui se passe avec les virus pour être affectés ainsi par la météo? Le public croit généralement que les rhumes s'attrapent en hiver parce que les gens vivent «encabanés» durant cette saison. Ils s'échangent alors leurs virus. Cette explication qu'on appelle «la théorie de la horde» est plus ou moins vraie. Avant de voir pourquoi, il faut remonter loin en arrière, en 1923. Le ministère américain de la Santé publique investigua la prévalence, les symptômes et la sévérité du rhume commun dans toute la population. Pour cette recherche d'une ampleur incroyable, des milliers de militaires, d'écoliers, d'employés du gouvernement, de professeurs d'écoles et d'universités furent enrôlés dans tous les coins du pays. Les conclusions de cette méga-analyse ont confirmé le mythe à savoir que la grippe et le rhume frappent surtout en hiver, rarement en été. La période des éternuements et de la congestion commence bel et bien en septembre et se termine en avril. C'était la première fois que, dans le cadre d'une démarche scientifique, il était démontré que les gens sont physiologiquement plus susceptibles d'être touchés par le rhume et la grippe en hiver que dans toute autre saison. Mais c'est finalement une équipe de médecins de l'École médicale de l'université de Californie, dans les années 1980, qui fournit la preuve que le rhume et la grippe ne sont pas déclenchés par une poignée de main, mais plutôt par une conjugaison de facteurs. Des expériences sur des humains et des animaux enfermés dans des caissons hermétiques ont montré que, même quand ils sont encouragés à répandre leurs germes, en été comme en hiver, les maladies respiratoires se produisent beaucoup plus en hiver. Bref, attraper un rhume n'est pas un événement qui arrive par hasard. Ce n'est pas l'exposition qui compte, mais la susceptibilité. Pour une grande partie de la population, l'hiver est un agent naturel de stress. Nos propres réactions au stress conditionnent notre système immunitaire et peuvent précipiter des maladies. La circulation sanguine change aussi en hiver. Les régions périphériques sont moins irriguées. Or, moins de circulation sanguine signifie moins de cellules infirmières, les leucocytes, à des endroits névralgiques. Les régions du corps exposées à l'air froid, comme le nez et la gorge, se retrouvent moins bien protégées contre le virus. Arrive un coup de froid, à un moment où l'on est plus vulnérable, stressé, fatigué, puis bingo! le virus se développe. Pour s'en prémunir, il suffit d'être plus vigilants aux signes de contagion dans les périodes de grands froids. Surtout lorsque c'est le temps de fraterniser. Un autre truc efficace et méconnu: garder toujours l'humidité relative à la maison à 50%. Les germes et les bactéries sont plus virulents dans l'air très sec comme dans l'air très humide. L'idéal est de viser le milieu, à 50 % d'humidité relative. Demandez à n'importe quel enseignant si la météo influence ses élèves en classe et vous verrez que ces histoires sont loin d'être des mythes de profs fatigués. Sans raison apparente, il y a des jours où les problèmes de discipline sont généralisés. Ces jours-là sont la hantise des enseignants. La météo devient alors le grand coupable. La preuve absolue n'existe pas encore, mais c'est un fait reconnu dans les milieux pédagogiques que derrière les fluctuations dans l'agitation et le niveau de compréhension des élèves se cache l'influence de la météo du jour. Dans l'une des études modernes les plus intéressantes sur l'influence des conditions météo sur les enfants, menée dans les écoles d'Australie en 1993, les chercheurs ont été étonnés de trouver une très grande proportion d'enfants météo-sensibles, soit deux enfants sur trois. Les filles seraient même deux fois à trois plus sensibles que les garçons aux changements brusques à la météo. Le symptôme le plus répandu chez les enfants avant la tempête : une fatigue généralisée, débilitante. Le corps est sans énergie et le mental n'est pas à son meilleur. Même si une bonne proportion d'enseignants est convaincue de l'influence de la météo sur leurs élèves, certains rejettent ces explications jugées un peu trop faciles. Pour en avoir le cœur net, un psychologue de Montréal a réalisé sa propre enquête dans les années 90. Pendant six mois, François Émond a mené avec 7 enseignants qui ignoraient le but de l'expérience un sondage journalier sur le degré d'agitation de leurs élèves. L'expérience se passe dans une école spécialisée au niveau élémentaire à Montréal. Tous les paramètres ont été considérés: température, humidité, précipitations, vent, pression. Au bout de l'exercice, 12 journées se sont démarquées comme des jours «troublés» où le niveau d'excitation des classes était anormalement élevé. Lorsque les dates de ces journées ont été croisées avec les données météo du jour, une surprise attendait François Émond. Ce n'était pas les jours de neige ou de tempête qui semblaient agiter davantage les enfants en milieu scolaire, mais le jour d'avant, quand la pression barométrique se mettait à tomber. Trois fois sur quatre, les journées «difficiles» avaient été marquées par des changements rapides d'au moins 1 kilo-pascal en 24 heures. Les chutes de pression et brusques ne sont pas le seul facteur de risque d'excitation à l'école. Les journées venteuses, le temps très sec et les orages forts sont aussi pointés du doigt comme des déclencheurs efficaces de comportements et d'attitudes à problème. Lors des jours très venteux, par exemple, les conflits et les escarmouches sur les terrains de jeux augmenteraient de 60%. Par ailleurs, la température influence beaucoup l'absentéisme, autant à l'école qu'au travail... Les premières masses d'air chaud qui glissent sur le Québec au printemps provoquent toujours une hausse de l'absentéisme. Généralement, plus une ville connait de belles températures, plus l'absentéisme est élevé. À Montréal, le taux d'absentéisme est de 5,8 % chez les cols blancs alors qu'à Québec, une ville au climat plus froid de 2 degrés, le taux est de 4,3 %*. Pour les mamans qui chercheraient à savoir d'avance quand leurs enfants risquent d'être surexcités, ou pour les enseignants qui souhaiteraient voir une échelle Richer d'agitation météo-scolaire être lancée sur le marché, bonnes nouvelles! Un truc du genre existe déjà. On peut même l'accrocher au mur. Ça s'appelle un baromètre. * «Absentéisme: et si Montréal s'inspirait de Québec?» Louis-Philippe Ouimet, Radio-Canada, 9 avril 2015 Cliquez ici pour modifier. Dans son livre Guide de survie des Européens à Montréal (Ulysse), l'auteur et conférencier d'origine Belge Hubert Mansion parle de son expérience avec l'hiver québécois. Cette saison, dit-il, n'est pas seulement une source de petits tracas comme en Europe, mais une menace pleine de périls et de dangers. Bref, pour les immigrants qui affrontent l'hiver du Québec pour la première fois, l'hiver québécois est un tueur en série. Et le pire, c'est qu'il y a une bonne part de vérité là-dedans. Après la tempête du siècle du 4 mars 1971, plus de 11 cadavres ont été ramassés dans les rues de Montréal par les camions de déneigement, rapportaient les journaux de l'époque. Il faut le dire. La neige qui tombe chaque hiver est une vraie menace publique. Au Canada, les souffleuses viennent au troisième rang pour les causes d'amputations, tout juste après les accidents de travail. L'hiver n'est pas vraiment la saison romantique qu'on imagine. La période des grands froids, qui survient vers le début janvier, coïncide avec l'apparition de nombreuses maladies. Voilà qui explique pourquoi les Québécois meurent davantage en hiver. Au Québec, le nombre de décès par jour en juillet tourne autour de 154. En janvier, ce chiffre grimpe à 190. Un Québécois court 20% plus de risque de mourir en hiver que dans toute autre saison. Le premier colon français au Québec, Louis Hébert, est mort en hiver des suites d'une chute sur la glace. C'est tout dire. En plus d'aggraver la sévérité de plusieurs types de maladies, l'hiver est aussi réputé pour être la saison des incendies. Plus la saison est froide et plus le nombre de victimes est grand. Les hivers plus froids que la moyenne, comme l'hiver 2014, le plus froid en 30 ans, sont davantage meurtriers. On n'a qu'à penser au drame de la résidence du Havre, près de Rimouski, où 32 victimes ont perdu la vie dans l'incendie d'un centre d'hébergement le 30 janvier 2014. Les conditions extrêmes de température et de poudrerie avaient même entravé le travail des pompiers. À lui seul, le froid n'explique pas la plus grande mortalité dans la population en hiver. La pollution est plus nocive durant la saison froide. Les taux de concentration de polluants automobiles sont plus élevés et il y a davantage de smog selon Environnement Canada. En hiver, le manque de soleil et d'activité physique contribue à dégrader la vitalité. Il y a aussi les maladies contagieuses, comme le virus de la grippe, dont les pics d'infections correspondent à l'arrivée des grands froids. Les taux de vitamine C et D, de calcium et de magnésium sont à la baisse en hiver. Ce manque de nutriments nuit à l'efficacité du système immunitaire. On pourrait s'attendre à ce que l'hiver soit la saison la plus meurtrière sur les routes. Avec toutes ces tempêtes et ces millions de personnes affaiblies et déprimées au volant, sans compter les conditions du réseau, on pourrait le croire. Or, c'est le contraire. Le nombre d'accidents mortels diminue de 30 % en hiver selon les chiffres de Transport Québec. Les gens roulent moins vite et conduisent plus prudemment. Malheureusement, cela n'est vrai qu'après la première tempête de l'hiver. En effet, les premières chutes de neige importantes de la saison ont toujours un effet démesuré. Non seulement dans les médias, mais aussi chez les automobilistes qui ne modifient pas leurs façons de conduire. C'est dans les premières semaines de l'hiver que le nombre de morts sur les routes est le plus élevé, avant que le froid et la neige s'installent pour de bon. Mais surtout, une fois que les gens sont acclimatés aux conditions météo et à la conduite automobile en hiver. L'hiver est peut-être la saison de la Saint-Valentin et des amoureux, mais c'est aussi la saison des divorces. C'est en janvier que les demandes de divorce atteignent un sommet. L'hiver est aussi la saison des caries, du diabète et des maladies cardiaques. Les ongles et les cheveux poussent moins vite en hiver. Après la peau, l'organe qui paye le gros prix en hiver est le cœur. Les maladies du cœur sont des maladies caractéristiques des pays aux hivers froids et neigeux. Le taux de mortalité de ce type de maladies, au Canada comme aux États-Unis et en Europe, grimpe chaque hiver pour atteindre un maximum en janvier et février. En fait, les crises cardiaques, angines et infarctus confondus, sont 30 à 40 % plus susceptibles de se produire en hiver que dans toute autre saison. Partout dans le monde, les hivers sont plus difficiles pour le cœur et les artères. Aux États-Unis, les infarctus sont deux fois plus nombreux en janvier qu'en juillet. Même à Hawaii, les crises cardiaques augmentent en hiver. Mais heureusement pour les victimes, il n'y a pas de neige sur les routes pour ralentir les ambulances! |