Le mardi, 11 septembre 2001, le temps était beau et le ciel était dégagé sur tout l’est des États-Unis. Ces simples mots sans prétention servent de point de départ au rapport officiel de la Commission américaine sur les attentats terroristes du 11 septembre 2001. L’attentat avait tué 3 000 personnes. Les terroristes avaient détourné quatre avions de ligne pour les utiliser comme des missiles contre des cibles au sol. Si les conditions météorologiques avaient été pluvieuses, avec une mauvaise visibilité et un plafond nuageux plus bas, il est fort probable que les terroristes apprentis-pilotes auraient manqué leur objectif, selon des experts du milieu aéronautique. Une immense zone de haute pression générait des conditions splendides de Montréal à Miami ce jour-là. Est-ce que le fait que le ciel était dégagé ait été un facteur dans la décision des pirates de l'air de frapper ce jour-là? Ces conditions atmosphériques les ont certainement aidés à naviguer et à trouver leurs cibles. Bien que plusieurs aient suivi des cours de formation de pilotes aux États-Unis, aucun des pirates de l'air n'étant un pilote professionnel. «Pour ceux qui se dirigent vers un aéroport, peut-on lire dans le rapport de la Commission du 11 septembre, les conditions météorologiques n'auraient pas été meilleures pour un voyage agréable ». Dans leurs recherches d’indices qui pourraient signaler l’imminence d’actes terroristes, les agences de sécurité nationale comme le FBI ont regardé aussi du côté des saisons et de la météo. En se penchant sur les statistiques, des chercheurs ont même découvert qu’il n’y a pas que les terroristes qui sortent de leur placard au printemps. Les tueurs de masse aussi. Pour les experts qui étudient les tueries de masse (mass murders) et les attaques terroristes, le mois d'avril qui va commencé a triste réputation. C'est un mois où les évènements du genre semblent augmenter si l'on se fie aux statistiques. Les Américains ont une expression pour ce temps de l'année. Le mois d’avril ouvre la «killing season». C'est en avril que Timothy McVeigh, un membre d'une milice extrémiste, a fait exploser un immeuble du gouvernement fédéral à Oklahoma City en 1995. La tuerie de Colombine, c'était en avril. L'attentat du marathon de Boston? En avril. Le carnage de Waco? Virginia Tech? En avril. Mais qu'est-ce qui peut bien se passer en avril pour inciter autant à la violence? La question n'est pas anodine. C'est même d'une grande importance pour les autorités. Dans la lutte contre le terrorisme, la détection de «patterns» est actuellement la plus grande des préoccupations. La recherche dans le domaine semble indiquer que les attaques terroristes, tout comme les tueries de masse, ont des aspects saisonniers. Les terroristes ou les tireurs fous aiment bien faire un maximum de victimes. Ils vont donc frapper davantage à certains moments de l'année, du mois, ou du jour. Dans certaines régions du monde, le terrorisme se calme en hiver puis augmente au printemps, comme au Pakistan. Aux États-Unis, les tueries sur les lieux de travail ou ailleurs semblent suivre un rythme annuel dicté par le Soleil. Malheureusement, les statistiques sont difficiles à interpréter puisque la définition même d'un acte terroriste ou d'une tuerie de masse n'est pas évidente à faire. Des chercheurs en neuropsychologie de l'Université de Pennsylvanie se sont récemment attaqués à la question. En excluant les actes terroristes islamistes, ils ont analysé 273 cas de tueries de masse qui se sont produits dans le monde de 1996 à 2013. Première conclusion étonnante : malgré une certaine perception populaire, il y a une baisse marquée du nombre de tueries par année depuis 1996. Alors qu'il y en avait plus d'une vingtaine par an avant 2000, on en compte maintenant deux fois moins depuis le début des années 2010. Deuxième conclusion : le temps de l'année où le nombre de tueries est le plus grand est... mars-avril, soit 57 cas sur 273. Le nombre de tueries est plus grand au printemps avec 27,8 %. L'été suit avec 26,3 %, puis l'automne (23,8 %) et l'hiver (22,1 %). Beaucoup de raisons ont été avancées pour expliquer la hausse des tueries en avril. Des raisons sociales, culturelles, religieuses. Même l'anniversaire d'Hitler (un 20 avril) a été pointé du doigt comme un motif probable. Or, l'explication est simple. C'est l'action du Soleil. Ou si vous préférez, le passage des saisons. De nombreuses études ont confirmé ces dernières années que les meurtres et les crimes violents se produisent plus souvent certains mois que d'autres. Ces résultats sont observés partout dans le monde, même en tenant compte de la pauvreté et des facteurs démographiques. Les raisons physiologiques et psychologiques sont encore méconnues. On suspecte un débalancement hormonal lié à un déficit de sérotonine causé par l'ensoleillement qui augmente beaucoup en mars-avril. Les températures chaudes, qui se pointent en avril, affectent l'oxygénation et dégradent la qualité du système nerveux. Dans les pays aux hivers froids et neigeux, comme le Canada et les États-Unis, la «killing season» débute habituellement après l'équinoxe du printemps, soit vers le 21 mars. La violence augmente alors en flèche. Heureusement, il a fait plutôt froid au Québec ces derniers temps. Les Dexter et autres tueurs en série se sont tenus tranquilles. Fiou. On a eu chaud! Références : Canadian Journal of Psychiatry 2003; 48: 624-627 Bowers, Thomas G., Harrison, Marissa A., Holmes, Eric. (2014, mai). Mass Murder: Assessing Psychogenic Influences and Season Effects. Association for Psychological Science (APS).
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Les humeurs des Québécois suivent le cycle des saisons. Alors que l'hiver est la saison de l'introspection, le printemps est la saison du renouveau. Les gens sont habités par le désir de nouveauté dans leur vie au printemps. Les autos et les maisons se vendent plus. C'est la saison des déménagements. C'est aussi au printemps que les gens démissionnent davantage de leur boulot, ce qui suggère une certaine insatisfaction au travail et le gout de recommencer ailleurs. Dès que la lumière allonge au printemps, la nature se met en mode «reproduction». C'est le début de la période des amours, autant chez les animaux que chez les humains. Le printemps allume les passions. C'est la saison des fiançailles et le temps de l'année où les relations sexuelles sont plus fréquentes, selon les sondages. Le printemps marque tellement les esprits qu'il remplace les années dans l'âge d'une personne. «Elle n'avait que 20 printemps», dit-on. Chez les femmes surtout, la venue du printemps peut entrainer des troubles psychologiques susceptibles de causer des problèmes de conduite alimentaire. Les épisodes de boulimie sont bien connus pour suivre un rythme saisonnier annuel. Les femmes qui sont inquiètes à propos de leur physique peuvent se sentir menacées par l'arrivée du temps chaud qui requiert un peu moins de vêtements. Une distorsion de l'image que l'on se fait de son corps peut devenir alors un problème chez certaines. Avec les médias sociaux qui entretiennent une exaltation de l'ego, cette distorsion cause beaucoup de suicides, selon les experts. Tout le monde est touché, chacun à sa manière, par les changements de saison. Certains s'en réjouissent. D'autres s'en rendent malades. La preuve : la fièvre du printemps est arrivée en ville. Et non, ce n'est pas l'effet euphorisant causé par le retour du temps doux. C'est un malaise aussi réel que la dépression d'hiver, capable de vous clouer au lit ou sur le divan pendant des heures. Les symptômes de la fièvre printanière Vous vous réveillez le matin comme si vous n'aviez pas dormi. Vous vous sentez fatigué et confus. Vous avez mal à la tête. Vos muscles sont endoloris. Curieusement, vous ne faites pas de température. Mais vous avez quand même la fièvre : la fièvre du printemps. Celle-ci est une réaction physiologique du corps qui touche la plupart des gens. Dans l'hémisphère nord, ce trouble de santé englobe plusieurs symptômes et frappe chaque année de la fin mars à la mi-avril. Certains croient que la fièvre du printemps est dû au réveil de la nature. C'est faux. C'est le réchauffement des températures qui déclenche cette fameuse «maladie». Après tous ces longs mois d'hiver à tenter de garder sa chaleur, votre corps doit maintenant réapprendre à s'en débarrasser. Avec un mercure à la hausse, les vaisseaux sanguins se mettent à se dilater pour transporter plus de sang à la surface du corps afin d'y relâcher de la chaleur en trop. À mesure que les vaisseaux sanguins se dilatent, le corps doit produire plus de sang. Au bout de 48 heures, une plus grande quantité de sang commence à circuler dans le corps. Or, le plasma sanguin (la substance liquide du sang) augmente avant la fabrication des autres composantes du sang. Pendant un à deux jours, votre sang est plus dilué que d'habitude. Son acidité est plus grande. Ces processus exigent beaucoup d'énergie de l'organisme. Assez pour vous épuiser. La fièvre du printemps est le signe que vous êtes à plat. C'est aussi un bon exemple des effets nombreux et variés qu'exerce la température de tous les jours sur votre corps. Le réchauffement planétaire est en train de modifier le calendrier du printemps. En Amérique du Nord, le printemps arrive maintenant 10 jours plus tôt qu'il y a 50 ans. Le dernier gel au sol au printemps et la floraison arrivent maintenant plus tôt que dans les dernières décennies. Ces changements dans les dates de l'arrivée du printemps ne se font pas sans bouleversements. Parmi les problèmes associés à un printemps précoce, il y a les inondations, les sécheresses et les feux de forêt. Mais aussi, n'en déplaise aux climatosceptiques, à la fièvre du printemps, qui risque désormais de se pointer plus tôt. Références • Schwartz, M.D., R. Ahas, and A. Aasa. 2006. Onset of spring starting earlier across the Northern Hemisphere. Global Change Biology 12:343-351. • Sloan, DM, Does warm weather climate affect eating disroder pathology?, International Journal of Eating Disorder, 2002, 32, pp 240-44. Les boomers peuvent aller se rhabiller! La tempête du siècle, qui reste ancrée dans les souvenirs de beaucoup de Québécois d'âge mûr, vient d'être surclassée. Oubliez la date du 4 mars 1971. Avancez vos montres au 14 mars 2017. La tempête Stella, une bombe météorologique qui a explosé sur la côte Est américaine avant de remonter vers le Québec, n'est pas passée inaperçue. En quantité de neige, en vents violents, en température froide, en conditions de blizzard généralisé, la dépression a battu tous les records.
C'était la tempête du millénaire. Des accumulations record de 70 cm ont touché le sud de la province. La neige forte combinée à des vents violents de 100 à 150 km/h du Nord-est a provoqué des conditions de visibilité presque nulle, du sud-ouest du Québec au bas du Fleuve, pendant plus de 6 heures! Du jamais vu de mémoire de météorologue. Par dessus le marché, cette tempête a frappé dans les 48 heures qui ont suivi un changement d'heure. Or, il est bien documenté que le retour à l'heure d'été provoque de l'insomnie, une hausse de crises cardiaques, de malaises de santé et d'accidents. Bref, les gens n'étaient pas à leur meilleur pour affronter une aussi grosse tempête. Jusqu'à maintenant, la tempête aurait fait 6 victimes. Vraiment, l'hiver 2016-2017 va faire sa place dans les annales de la météo. Pour célébrer l'hiver 2016-2017, qui se termine mardi prochain, voici ce qui se porte ce printemps, mesdames. Une masse d'air arctique s'apprête à déferler sur le Québec. Pour la 2e fin de semaine consécutive, tout le sud de la province sera sous l'emprise de vents glacials du Nord. La température ressentie approchera les - 30 degrés °C durant le week-end, samedi étant la journée la plus froide. Ce froid anormal - plus de 15 degrés sous les moyennes de saison - est dû à un immense creux planétaire planté sur le Québec. Le froid tue 150 personnes par année au Canada selon Environnement Canada. Quinze fois plus que la foudre. Le risque de mourir de froid par hypothermie dépend d'une conjugaison de facteurs: l'état de santé, l'âge, la fatigue, le vent, la température. Les enfants et les personnes âgées sont les plus à risque. Les enfants perdent leur chaleur plus rapidement, tandis que les médicaments et les maladies réduisent la capacité des plus vieux à bien régulariser leur température. Un facteur de risque d'hypothermie en progression: la maladie d'Alzheimer. Les personnes atteintes ne réalisent pas pleinement le danger de sortir à l'extérieur par temps froid. Elles ont aussi souvent du mal à savoir comment se vêtir adéquatement avant de quitter la maison. Les femmes seraient moins à risque que les hommes de mourir du froid, car elles supportent physiologiquement mieux le froid. La preuve: la mésaventure subie par Donna Molnar, une Ontarienne de 55 ans. Le 19 décembre 2008, un vendredi, en banlieue d'Hamilton, il fait - 4 °C et il neige quand Donna prend sa voiture pour aller à l'épicerie. Elle n'arrivera jamais à destination. Tombée en panne en pleine tempête de neige, Donna est retrouvée le lundi suivant par un chien policier qui avait reniflé son corps sous une vingtaine de centimètres de neige. La température avait plongé à -15 °C pendant la nuit. Par miracle, Donna était encore consciente. Elle a expliqué s'être arrêtée à cause de la poudrerie pour chercher de l'aide. Puis elle avait trébuché dans un champ. Dans son cas, la neige tombée qui avait recouvert son corps avait joué un rôle isolant en empêchant une baisse de température qui lui aurait été fatale. L'ex-députée de Matane, Nancy Charest, dont le corps a été découvert en décembre 2014, n'a pas été aussi chanceuse. Retrouvée sans vie, à moitié dévêtue en bordure d'une route de Matane par un froid glacial, la femme était intoxiquée par l'alcool. Dans son cas, l'hypothermie avait déclenché une étrange réaction: le «déshabillage paradoxal». Ce phénomène survient quand une personne en état d'hypothermie sévère retire tous ses vêtements, croyant qu'elle a trop chaud, alors qu'en fait, elle est en train de geler. Les engelures en hiver: causées surtout par l'alcool Les engelures en hiver sont un vrai fléau au Canada. Ce type de blessures est même en progression dans la population selon Statistique Canada. Une étude qui a duré 12 ans, en Saskatchewan, sur l'état de santé de 650 000 personnes a conclu que la consommation d'alcool était responsable de 46 % des engelures en hiver. Les pieds et les mains comptent pour 90 % des engelures. Les oreilles viennent ensuite, suivies du nez, des joues et... du pénis. L'augmentation de cas d'engelures ces dernières années s'expliquerait par une plus grande participation de la population à des activités sportives extérieures. Mais il y a une autre raison: l'itinérance. Depuis la crise économique de 2008, l'itinérance a fortement augmenté dans les grandes villes du Canada. Même si certains médecins croyaient que le pic de la grippe était derrière nous et que le pire était passé, les données indiquent qu'on a pas fini de se moucher! La grippe est revenue en force. Et cette fois, elle est accompagnée d’un invité, appelé virus respiratoire syncytial (VRS), qui risque de vous faire tousser encore plus abondamment. Comme le dit le Dr Alain Vadeboncoeur, urgentologue et chef du service de médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal, "le party est pogné chez les virus, et nous en sommes quittes pour endurer notre mal." Heureusement, les lecteurs de ce blogue ont su au début janvier, avant tout le monde, que la grippe frapperait fort cet hiver. Une simple analyse de la situation météo prévue pour l'hiver 2016-2017 laissait craindre plus de cas de rhino-virus. Un principe de base en médecine: mieux vaut prévenir que guérir! |