
Le premier médecin à étudier les relations entre la température et la violence était un Italien réputé pour sa collection de crânes de criminels. Cesare Lombroso (1835-1909) est le père de la criminologie biologique, un domaine d’études qui a donné naissance à la science du profilage policier. Lombroso avait remarqué que les crimes contre la personne augmentaient en été, tandis que les crimes contre la propriété étaient à la hausse en hiver. Dans son livre « Le Crime, ses causes et ses remèdes »[1], Lombroso s’appuie sur des données de crimes sexuels recueillis en Europe pour affirmer que ce type de crimes atteint son maximum dans les mois les plus chauds de l’année.
Après avoir recensé les crimes politiques, il va plus loin et prétends que presque tous les soulèvements populaires et les révolutions que le monde a connu entre 1791 et 1880 se sont produites en été ou par temps très chaud. La prise de la Bastille. La révolution américaine. Et ainsi de suite. Pour prouver sa thèse, Lombroso fait valoir que dans l’hémisphère sud, on observe le même phénomène, mais de façon inverse. Alors que juillet est le mois des révolutions en Europe, dans l’hémisphère sud, c’est le contraire. Janvier est le mois où l’on observe le plus de troubles politiques, de changements de juntes et de coups d’état.
Pour sa part, le psychiatre Américain Richard Michael a consacré sa carrière à l’étude des effets de la chaleur sur la violence. Dans les années 1980, le Dr Michael a analysé 27 000 cas de femmes maltraitées par leur conjoint. Il a découvert que la fréquence des abus est étroitement liée aux variations annuelles de la température, le maximum de violence se retrouvant dans les mois les plus chauds. Les résultats de sa recherche publiés dans le American Journal of Psychiatry en 1987 avaient été reçus plutôt froidement par les experts du sujet, certains d’avoir bien cerné la problématique de la violence conjugale. Le titre même de l’étude (An Annual Rhythm in the Battering of Women/un rythme annuel chez les femmes battues[3]) en avait fait sourciller plus d’un dans les milieux féministes. Avant son étude, personne ne se doutait que le phénomène des femmes battues suivait des variations saisonnières.
[1] Guilford Press (1993)
[2] Canadian Journal of Psychiatry
[3] American Journal of Psychiatry