La 27e Semaine nationale de prévention du suicide s’est terminée le 4 février 2017. Cet évènement de sensibilisation a toujours lieu, ou presque, en février. Or, le mois de février est le mois où il y a le moins de suicides au Québec. Annonceriez-vous des piscines et des ballons de plage en janvier? Pourtant, c’est ce que fait l’Association québécoise de prévention du suicide. Les suicides ne sont pas répartis également au long de l’année. Alors qu’on pourrait croire que les suicides seraient plus fréquents en hiver, quand les conditions sont difficiles pour le corps et le moral, c’est le contraire qui se produit. C’est au printemps que les suicides sont à la hausse. Dans la période de l’année où la luminosité augmente beaucoup. Dans la plupart des pays occidentalisés, le taux de suicide atteint généralement un maximum en mai-juin (novembre-décembre dans l’hémisphère Sud) et un minimum en décembre-janvier (avril-mai dans l’hémisphère Sud). Au Québec, les chiffres de l’INSPQ[1] indiquent que le nombre de suicides atteint un seuil moyen minimum en février (89,3 décès), alors qu’il est le plus élevé en mai (110,6 décès). La prévalence des suicides aux printemps est un phénomène contre-intuitif. Après de longs mois d’hiver, le retour du soleil inviterait plutôt à l’allégresse et non au désespoir. Le printemps est souvent appelé la «saison du suicide» pour cette raison. Les psychologues croient que le printemps signifie une occasion de renaissance ratée chez les suicidaires. Ces derniers passent à l’acte car ils ne voient pas de renouveau dans leur vie. C’est l’explication psychologique habituelle. Or, des explications biochimiques seraient plutôt suspectées. Les états dépressifs et les tendances suicidaires ont été reliés à des déficits en sérotonine, un neurotransmetteur très important qui gère les humeurs. Plutôt bas en hiver, le taux de sérotonine augmente rapidement au printemps. Or, les déséquilibres dans les niveaux de sérotonine engendrent de l’anxiété, des crises de panique et des idées suicidaires. Les recherches sur le sujet nous apprennent que le suicide n’est pas un phénomène imprévisible, déconnecté du quotidien. En fait, le suicide suit un cycle. Les gens se suicident rarement le soir, et encore moins la nuit. Les suicides se commettent surtout le jour, davantage à des heures et des temps de l’année qui correspondent aux débuts de cycles d’activités humaines. Selon les statistiques, lorsqu’un suicide est attribuable à des causes économiques, les personnes ont tendance à passer à l’acte en décembre. Les suicides reliés aux problèmes de maladies mentales, eux, se produisent davantage au printemps. L’estimation du niveau de risque de suicide chez un patient devrait inclure une attention aux effets saisonniers sur l'humeur. De même, les campagnes de sensibilisation devraient être en phase avec les périodes de l’année où les idées suicidaires sont dans l’air. Mais on ne le fait pas. C’est dommage, car au final des vies pourraient être sauvées. [1] années 2000-2010
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