![]() Il est amusant de constater comment les gens ramènent toujours tout à eux-mêmes quand ils parlent de météo. Dans son œuvre «Les météorologiques», Aristote vante le climat de la Grèce, de l’Italie et de la France, comme les seuls climats capables de produire de bons citoyens : «De ces pays est venue toute l’excellence qui fut jamais au monde des lettres, des armes et en tous arts libéraux et mécaniques.», écrit-il 400 ans av J.-C. Bien des années plus tard, dans la France du XVIIIe siècle, le penseur politique et écrivain Charles Louis Montesquieu (1689-1755) va plus loin. Dans son œuvre maitresse «De l’esprit des lois», il affirme que certains climats sont supérieurs à d’autres. Et que le climat idéal existe. Et deviner quoi? C’est celui de la France! Pour Montesquieu, il ne faisait pas de doutes que les conditions météo qui dominent dans une contrée fondent le caractère national d’un peuple. Les climats chauds du sud engendrent des populations plus sensibles aux émotions, selon lui, alors que les peuples du nord sont plus proches de la raison. Avec Montesquieu, la théorie des climats, une sorte de doctrine vaguement raciste, fait des adeptes. Cette théorie prétend que toutes les différences entre les peuples, entre les hommes du sud, du nord, ou ceux des montagnes ou des plaines peuvent s’expliquer par les différences climatiques. Cette idée avait tout pour plaire. D’abord, c’était une évidence pour beaucoup de gens. Satisfaisante pour la logique et le bon sens, l’idée confortait les expériences personnelles et fournissait une réponse simple à une question complexe. De grandes figures religieuses du Moyen Âge appuyaient la théorie des climats, Roger Bacon et Saint Thomas d’Aquin entre autres. Ce dernier a écrit au sujet des hommes du nord qu’«ils avaient beaucoup d’animositas (animosité); c’est pourquoi ils sont toujours prêts à la guerre, mais leur intelligence est lente et modeste. Les hommes du Sud, au contraire, ont une vive intelligence et un esprit doté de subtilitas (finesse); cependant, leur corps est pauvre en sang, ce qui a pour conséquence leur peur de combattre.»[1] La théorie des climats s’alimentait beaucoup aux préjugés et à la littérature de voyages. Malgré les opposants et les critiques, ce courant de pensée populaire était considéré comme une évidence dans certains milieux savants. La thèse de Montesquieu se coula elle-même après la Renaissance. En empruntant à l’astrologie et en laissant croire à des sornettes, la théorie des climats était devenue une blague. Sur le suicide, par exemple, Montesquieu et ses disciples qui l’ont suivi prétendaient qu’il pleut toujours quand les gens se suicident. Ce qui est faux. Alors, quel est le pays au meilleur climat dans le monde? Là où il fait le plus beau? La réponse est facile. C'est la Grèce. À cause de la "Crête" au sud...* * blague de météorologue aussi ancienne que la Grèce antique! [1] Somme théologique (1266), Saint-François d’Aquin
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