![]() Des météorologues ont calculé qu’un Québécois moyen passe à travers plus de 350 tempêtes de neige dans son existence. À 15 cm par tempête, le tout représente plus de 52 mètres de neige, de grésil et de glace à pelleter dans sa vie. De quoi remplir une ou deux piscines olympiques. Mon pays c’est l’hiver, dites-vous? Vous n’avez pas idée. Au Québec, la neige est une industrie lourde. Selon des données obtenues par La Presse, le coût du déneigement est de 1 milliard $ pour toute la province. Seulement à Montréal, les budgets de déneigements annuels frisent les 150 millions. Une seule tempête de 20 cm coute 17 millions. En attendant que le réchauffement climatique réduise les quantités de neige, les Québécois n’ont pas fini de payer et pelleter. Heureusement, une solution est en vue. Depuis les années 50, des techniques ont été mises au point pour dissiper les nuages. Certaines de ces méthodes ont même fait leurs preuves au Canada. À Calgary, capitale de la grêle dans le monde, des compagnies privées font des affaires d’or dans le domaine de la manipulation du temps. Certaines firmes prétendent même pouvoir stopper les orages et les tornades. Vous croyez qu’ils exagèrent? Les Russes ont été encore plus loin. Ils ont interdit les tempêtes de neige à Moscou! C’est le maire lui-même, Iouri Loujkov, qui l’a annoncé au monde en 2011. Depuis longtemps, les autorités de Moscou ont pris l’habitude de procéder à l’ensemencement des nuages de la capitale avec des produits chimiques pour éloigner la pluie des parades. La déclaration du maire à l’époque était peut-être exagérée, mais c’était la première fois qu’une ville affirmait sa volonté de faire la guerre à l’hiver avec des moyens technologiques. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour sauver 300 millions de roubles par année en déneigement? (10 millions can $). Avant que le maire de Montréal ait l’idée, lui aussi, d’en finir avec les tempêtes d’hiver, il ferait mieux de prendre connaissance de la littérature scientifique sur le sujet. Car jouer avec la météo, c’est jouer à l’apprenti sorcier. Théoriquement, il est possible de créer une tempête de neige si vous disposez d’un avion, de quelques heures à perdre et de 20 dollars de glace sèche. Une seule granule de glace sèche peut produire 10 millions de milliards de cristaux, ou 100 000 tonnes de neige. Mais encore faut-il des conditions idéales. De l’air humide. La bonne plage de température. Des vents faibles. Bref, les conditions sont si nombreuses que les rares fois où l’ensemencement de nuages semble avoir fonctionné, il allait pleuvoir ou neiger de toute façon. Mais les promesses des compagnies de modifications du temps sont trop belles pour ne pas être entendues par les agriculteurs en mal de pluie ou les maires en mal d’argent. Sans compter les militaires qui voient dans ces techniques une arme de guerre. En effet, pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont ensemencé les nuages du Cambodge et du Vietnam dans le but d’inonder les récoltes et de noyer les routes. À qui appartient le beau temps? Toutes ces expériences avec les nuages depuis des années ont réussi à prouver qu'il est possible d’accélérer le processus de précipitation dans un nuage de type cumulus. D’autres aspects, éthiques et légaux, ont aussi été soulevés. Des questions banales, mais lourdes de conséquences restent encore sans réponse. Comme… à qui appartiennent les nuages? Aux États-Unis, après des tentatives d’ensemencement qui ont mal tourné, des poursuites ont déjà été déposées contre des fermiers et cultivateurs accusés d’avoir noyé les plantations de leur voisin. À New York, au début des années 50, la baisse des réservoirs d’eau due à une sécheresse avait poussé le cardinal de la ville à organiser des prières publiques pour de la pluie. Mais quand le maire a annoncé son intention d’ensemencer les nuages avec les avions de la police, ç’a été la goutte de trop pour des localités environnantes qui se sont opposés violement à l’idée. En attendant que les techniques de modification du temps nous donnent le pouvoir de s’attaquer aux tempêtes de neige, on peut toujours se rabattre sur une méthode inventée au Québec pour changer le temps. Jadis, les Québécoises qui souhaitaient du soleil pour leurs noces avaient l’habitude d’accrocher un chapelet sur la corde à linge et le tour était joué. On n’arrête pas le progrès. Ref: http://www.lapresse.ca/actualites/national/201412/10/01-4827154-deneiger-coute-plus-dun-milliard-par-an-au-quebec.php La Presse «Moscou abolit les tempêtes de neige», 21 octobre 2009
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![]() L'hiver est la saison des vents violents au Québec. Après les rafales de 90 km/h du 10 janvier qui ont provoqué l'effondrement de deux murs au centre-ville de Montréal, les vents de 100 km/h qui ont balayé la Rive-Sud le 20 février ont même fait un mort à la suite d'une sortie de route. Les vents dépassant les 90 km/h causent habituellement des dommages aux structures et aux toitures. Conduire un véhicule devient plus difficile. Et marcher s'avère impossible. Les vents peuvent être bénéfiques comme maléfiques... Beaucoup de pays ont leurs vents maudits, renommés pour leurs effets malsains sur la population. Pour la plupart des gens, les vents sont comme les rencontres dans la vie. Certaines vous effleurent, d'autres vous jettent par terre. Pour le Bureau d'assurance du Canada (BAC), toutefois, le vent, c'est du sérieux. Les vents sont même devenus l'une des causes majeures de réclamations au Canada. Les vents violents, les microrafales et les tornades constituent désormais le risque principal aux maisons. Ce risque est même devenu supérieur à celui lié aux incendies. Mais en dehors de leurs conséquences typiques dans nos vies, les vents ont aussi des répercussions psychologiques importantes et invisibles sur les gens. Selon des recherches en psychologie, des vents supérieurs à 40-50 km/h déclencheraient des instincts primaires chez les humains, comme une impulsion urgente de se braquer ou de chercher un abri. Bref, le corps réagit comme s'il subissait une attaque quand il vente fort. Le vent nous irrite d'abord par la friction qu'il cause sur la peau et en asséchant les passages nasaux et les muqueuses. En outre, le corps consomme davantage d'énergie quand il lutte contre le vent. La fréquence cardiaque et la pression sanguine augmentent. Les pupilles se dilatent, davantage d'air entre dans les poumons. La peau du visage rougit. Les mêmes signes sont observés chez un athlète avant une compétition. Tout le processus est inconscient, mais les résultats restent les mêmes. Ces réflexes de notre organisme, conditionnés depuis des âges, sont le signe que le corps est en train de s'adapter à un nouvel état de l'atmosphère. Au-delà d'une certaine vitesse de vent, la peau commence à transmettre des signaux d'avertissements au cerveau. On est pris d'un vague sentiment de malaise, d'anxiété. En observant les comportements des piétons en milieu urbain, on a pu démontrer que les gens marchent plus vite quand il vente fort. Dès que les vents dépassent les 50 km/h, les piétons ne marchent plus, ils se précipitent, comme pour échapper au vent. Chaque sexe répond de façon différente à l'action du vent. Les hommes restent tendus et ont tendance à se pencher contre le vent, comme prêt à se battre. Les femmes, elles, sont moins hostiles dans leurs réponses, préférant regarder pour un abri ou un objet auquel s'agripper. Un des effets procurés par l'action de marcher contre le vent est un sentiment d'euphorie qui vous donne parfois envie d'accomplir quelque chose de grand. Certains individus vont même connaître une augmentation en productivité à court terme, en réaction typique à l'adrénaline qui coule plus abondamment dans les veines les jours de grands vents. Or, l'adrénaline est une hormone associée à l'agressivité et l'hostilité. Ce qui explique en partie pourquoi les expériences émotionnelles semblent intensifiées quand les vents soufflent fort. Sur les terrains de jeux et dans les cours d'école, les escarmouches et les querelles seraient jusqu'à 3 fois plus nombreuses quand les vents soufflent à plus de 60 km/h. Le vent peut avoir aussi un effet énergisant sur la santé, ce qui a souvent été démontré. Cet effet peut même être un avantage. Les gens qui vivent constamment exposés aux vents côtiers, comme les Madelinots ou les Gaspésiens, sont réputés pour être moins prompts aux rhumes et aux grippes. Ces régions du Québec sont aussi plus exposées aux tempêtes côtières et aux ouragans post-tropicaux, générateurs de coups de vent et de bourrasques. Au Québec, les vents ont été aussi à la source de nombreuses expressions du langage comme venter à écorner les bœufs, attache ta tuque avec de la broche et virer son capot de bord. Même la politique québécoise a été marquée par l'influence des vents sur l'imaginaire du peuple. En effet, le mot «girouette» est devenue l'insulte suprême qu'on peut lancer à un député. Banni du vocabulaire des élus du Parlement du Québec, le mot fait partie d'une liste de 300 expressions ou mots interdits aux députés dans l'exercice de leurs fonctions à l'Assemblée nationale ! Références • Weather Influence, Edwin Grant Dexter. • «Que dire et ne pas dire à l'Assemblée nationale», Benoît Melançon, Le Devoir, 23 septembre 2014. ![]() Vos dents claquent. Votre corps frissonne. Les poils de vos bras se dressent. Le sang se retire de votre nez et de vos oreilles. Vous commencez à grelotter. Vous avez frette. S'il n'y a pas d'abris possibles, les contractions involontaires de vos muscles produiront de la chaleur durant quelques instants. Mais si le froid persiste et qu'il y a du vent, greloter devient vite insuffisant. À mesure que vous perdez votre chaleur corporelle, votre température interne diminue. Le coeur se met à travailler plus vite, et pompe plus de sang chaud vers les organes vitaux. Du coup, la pression artérielle et la respiration augmentent. Au bout de quelques heures, votre corps a transféré toute sa chaleur à l'air ambiant. Vous êtes en hypothermie ou pire. Vous êtes cuits... Le froid tue 150 personnes par année au Canada selon Environnement Canada. Quinze fois plus que la foudre. Heureusement cette année, le bilan sera moindre. Malgré le temps glacial des derniers jours, les températures moyennes de l'hiver en font l'un des plus chauds du siècle. Le risque de mourir de froid par hypothermie dépend d'une conjugaison de facteurs: l'état de santé, l'âge, la fatigue, le vent, la température. Les enfants et les personnes âgées sont les plus à risque, car les enfants perdent leur chaleur plus rapidement, tandis que les médicaments et les maladies réduisent la capacité des plus vieux à bien régulariser leur température. Un facteur de risque d'hypothermie en progression: la maladie d'Alzheimer. Les personnes atteintes ne réalisent pas pleinement le danger de sortir à l'extérieur par temps froid. Elles ont aussi souvent du mal à savoir comment se vêtir adéquatement avant de quitter la maison. Les femmes seraient moins à risque que les hommes de mourir du froid, car elles supportent physiologiquement mieux le froid. La preuve: la mésaventure subie par Donna Molnar, une Ontarienne de 55 ans. Le 19 décembre 2008, un vendredi, en banlieue d'Hamilton, il fait - 4 °C et il neige quand Donna prend sa voiture pour aller à l'épicerie. Elle n'arrivera jamais à destination. Tombée en panne en pleine tempête de neige, Donna est retrouvée le lundi suivant par un chien policier qui avait reniflé son corps sous une vingtaine de centimètres de neige. La température avait plongé à -15 °C pendant la nuit. Par miracle, Donna était encore consciente. Elle a expliqué s'être arrêtée à cause de la poudrerie pour chercher de l'aide. Puis elle avait trébuché dans un champ. Dans son cas, la neige tombée qui avait recouvert son corps avait joué un rôle isolant en empêchant une baisse de température qui lui aurait été fatale. L'ex-députée de Matane, Nancy Charest, dont le corps a été découvert en décembre 2014, n'a pas été aussi chanceuse. Retrouvée sans vie, à moitié dévêtue en bordure d'une route de Matane par un froid glacial, la femme était intoxiquée par l'alcool. Dans son cas, l'hypothermie avait déclenché une étrange réaction: le «déshabillage paradoxal». Ce phénomène survient quand une personne en état d'hypothermie sévère retire tous ses vêtements, croyant qu'elle a trop chaud, alors qu'en fait, elle est en train de geler. Les engelures en hiver: causées surtout par l'alcool Les engelures en hiver sont un vrai fléau au Canada. Ce type de blessures est même en progression dans la population selon Statistique Canada. Une vaste étude récente qui a duré 12 ans, en Saskatchewan, sur l'état de santé de 650 000 personnes a conclu que la consommation d'alcool était responsable de 46% des engelures en hiver. Les pieds et les mains comptent pour 90 % des engelures. Les oreilles viennent ensuite, suivies du nez, des joues et... du pénis. L'augmentation de cas d'engelures ces dernières années s'expliquerait par une plus grande participation de la population à des activités sportives extérieures. Mais il y a une autre raison: l'itinérance. Depuis la crise économique de 2008, l'itinérance a explosé dans les grandes villes du Canada. Réf: Valnicek, SM et al, « Frostbite in the prairies : a 12 year review », Plast Reconst Surg, 1993, 92 pp 633-41 ![]() À l'époque de Voltaire, la croyance que la pluie pouvait pousser les gens au suicide était si répandue que le suicide était appelé «la maladie anglaise», à cause de la pluie qui caractérise l'Angleterre. De nos jours, beaucoup de gens continuent à croire que la météo peut inciter au suicide. Et le plus étonnant, c'est qu'ils ont raison! Même si des études du genre sont quasi inexistantes au Québec, plusieurs chercheurs dans le monde ont investigué les liens entre les éléments météorologiques et les tendances suicidaires. Et leurs résultats sont en général très convergents. Au Japon, par exemple, un pays au taux de suicide les plus élevés dans le monde, le nombre de suicides sur les chemins de fer augmente après plusieurs jours de mauvais temps. On a même exhorté les opérateurs ferroviaires à augmenter les patrouilles quand le temps pluvieux s'éternise. En Afrique du Sud, on a démontré que les orages font augmenter les suicides. En Pennsylvanie, c'est la pression barométrique. Une augmentation de 30% des tendances suicidaires est observée quand la pression tombe de 2 kPa en 24 heures. De telles chutes de pression sont courantes au Québec. Observe-t-on ici le même phénomène? Impossible à savoir. Pour les organismes qui s'occupent du suicide, la météo n'a jamais été un facteur de risque. Pourtant, en Colombie-Britannique, on a démontré le contraire. Dans cette province de l'Ouest, une étude récente a révélé que les comportements suicidaires chez les personnes âgées sont influencés en hiver. Le taux de suicide dans le groupe d'âge des 70 ans et plus y est le plus élevé pour cette tranche de la population au pays. Dans cette première étude mondiale sur les effets de la météo sur le suicide dans un même groupe d'âge, on a découvert que les suicides chez les gens âgés grimpaient de 30% dans certaines situations météo, comme lors d'un redoux en hiver. Les gens ne se suicident pas davantage à cause du temps moche qui s'éternise, mais plutôt en raison de certaines configurations atmosphériques anormales. Ces situations déclencheraient des processus internes d'ordre physiologique et psychologique menant à des idées suicidaires. L'étude de Colombie-Britannique a confirmé un phénomène observé partout: le retour du beau temps atténue les symptômes de la dépression chez les personnes normales, mais pas chez les personnes suicidaires. Chez ces dernières, le risque de passer à l'acte augmente. Cette réponse décalée de l'organisme aux variations de l'état de l'atmosphère est comparable à la réponse de patients déprimés qui commencent à prendre des antidépresseurs. Plutôt que de réduire le risque d'idées suicidaires, la prise du médicament l'augmente au début du traitement. Le suicide n'est pas un phénomène imprévisible, déconnecté du quotidien et de la routine de tous les jours. En fait, le suicide suit un cycle. Les gens se suicident rarement le soir, et encore moins la nuit. Les suicides se commettent surtout le jour, davantage à des heures et des périodes de l'année qui correspondent aux débuts de cycles d'activités humaines. Les lundis, par exemple. Par ailleurs, les catastrophes naturelles comme les ouragans et les tornades entraînent des séquelles psychologiques et un taux de suicide à la hausse. L'impact de cette influence fait l'objet de débats, mais en attendant, les recherches sont alarmantes. Aux États-Unis, suite à des désastres naturels survenus entre 1982 et 1989, on a constaté dans les régions touchées une augmentation de 14% des suicides. Au Japon, après le tsunami de mars 2011 qui a fait 19 000 morts, le suicide a augmenté de 20% le mois suivant. Et les tempêtes de verglas? Causent-elles plus de suicide? Au Québec, le Bureau du coroner a piloté une étude sur les impacts de la tempête de verglas de 1998, notamment sur l'évolution du taux de suicide dans le triangle noir, la région en Montérégie la plus touchée par les pannes durant la crise. Les résultats ont révélé une hausse du taux de suicide moyen de 16,3 par 100 000 dans la période pré-verglas à 16,9 par 100 000 dans la période après l'événement. Selon les épidémiologistes du gouvernement, cette hausse légère ne serait pas significative. N'empêche. Les chiffres traduisent quand même une augmentation. Tous les experts s'entendent pour dire que les causes du suicide sont multiples et que la personne suicidaire n'est pas facile à détecter. L'élément déclencheur, le facteur décisif qui a poussé la personne à franchir le point de non-retour, est encore plus difficile à déterminer. C'est dans ces moments que les conditions météorologiques joueraient un rôle critique. Bien entendu, la météo n'a pas le pouvoir de provoquer directement des suicides. Au Québec, ce serait plutôt le ministère du Revenu qui s'en charge... Référence: The Effect of Season and Weather on Suicide Rates in the Elderly in B. C., Stephen Marion MD, Revue canadienne de santé publique ![]() Il a été démontré que les grands froids en hiver engendrent un stress social dans la population, en plus d'exercer une pression sur les services de santé. Selon d'autres études, le froid cinglant et les intempéries hivernales ont même le pouvoir de faire décrocher les criminels, du moins pour un temps. Ce qui est moins connu, c'est que l'effet du froid en hiver réduit encore plus le seuil de tolérance des gens que la chaleur en été. Très peu de recherches ont été faites au Québec sur l'influence du froid sur l'agressivité et la violence. Et pourtant, la question est légitime. Après tout, le Québec est la province la plus froide du Canada. Mais aussi, le royaume de l'inconduite sur les routes, le paradis des chauffards selon l'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, qui ne se prive pas de le dire à toutes les tribunes. En 2008, le Québec était aussi la province où la violence conjugale était la plus répandue au pays selon Statistique Canada. Bref, les Québécois sont loin d'être les anges de paix du paradis qu'on aime imaginer. Le phénomène de la rage au volant semble donner du poids à l'hypothèse que l'hiver exacerbe davantage les sentiments hostiles que la chaleur peut le faire en été. En été, avec plus de gens sur les routes et avec une durée du jour plus longue, il serait normal que les cas de rage au volant soient plus nombreux. Or, c'est le contraire qu'on observe. Du moins, pour les cas les plus médiatisés. Ce n'est pas en été, mais en hiver que les cas de rage au volant semblent les plus nombreux. Mais aussi les plus graves et les plus meurtriers. Depuis une douzaine d'années, cinq épisodes de rage au volant se sont terminés par un meurtre*. Quatre fois sur cinq, les cas se sont produits dans les mois les plus sombres et les plus froids de l'année. Malheureusement, il est impossible de se faire une idée juste sur l'ampleur du phénomène de la rage au volant au Québec. Il n'y a pas de statistiques. Ni la Sureté du Québec ni le Service de Police de la Ville de Montréal ne compilent de chiffres à ce sujet. Puisque la rage au volant n'est pas un acte criminel, ce type d'évènements n'est pas comptabilisé comme une infraction. Pas d'infractions, pas de statistiques. À la Société de l'Assurance Automobile du Québec (SAAQ), la rage au volant est un sujet de préoccupation, mais pas d'études. Il est impossible de savoir si le phénomène est en croissance, ou si les cas varient avec les saisons ou la température ambiante. On ne sait même pas quelle proportion de cas de rage au volant est déclarée à la police... Le froid cinglant fait partie du patrimoine commun au Québec. Et ce n'est pas le réchauffement climatique qui risque de changer les choses. Malgré un hiver très doux cette année, les records de froid n'ont pas fini d'être battus. De nouvelles études prévoient même que le Québec et tout l'hémisphère nord pourraient subir des hivers encore plus froids dans le futur. En cause: la fonte de glace polaire. En fondant, la glace contribue à la formation de «vortex polaire», comme ceux que les Québécois ont subis en 2014 et 2015. Si jamais ces projections d'hivers encore plus rudes se matérialisent, les Québécois risquent de voir s'accentuer la violence sur nos routes. Ils auront alors une raison de plus de grincer les dents en hiver. Note: Les cas de rage au volant meurtriers ont été recensés dans les médias (Journal de Montréal, La Presse) aux dates suivantes: 19 déc. 2003, 9 déc. 2010 et 20 juil. 2010 à Montréal, 16 fév. 2002 à Le Gardeur, 23 nov. 2011 et le 11 janv. 2009 à Laval (tentative de meurtre). Les données météo observées ces jours-là proviennent de Environnement Canada. Climat ec.gc.ca |