Édition du 25 novembre, dans la section livres recommandés pour le Sommet du Climat de Paris pour mieux comprendre les enjeux de la conférence et sans s'ennuyer. «Menée par un météorologue québécois et un anthropologue-chirurgien, une enquête souriante et à la fois inquiétante sur la pluie et le beau temps, et nous les humains, qui y sommes soumis.»
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![]() On estime à un million de personnes le nombre de Québécois qui quittent la province chaque hiver pour le sud, pour un séjour d'une semaine à six mois. Les différences de température, d'ensoleillement et d'humidité entre le Québec et les destinations soleil procurent beaucoup de bienfaits. Par exemple, 24 heures après son arrivée en Floride en janvier, un Québécois voit généralement sa pression artérielle diminuer. Ces grandes variations climatiques entre le Québec et des latitudes plus ensoleillées peuvent aussi être la source de problèmes de santé qui peuvent entrainer de sérieuses conséquences. Un séjour prolongé sous le soleil peut affaiblir la capacité de votre organisme à lutter contre les infections grippales. Au retour, cela fait de vous une proie facile pour les virus. En revanche, les bienfaits procurés en hiver par un séjour prolongé dans le sud sont nombreux. Chez un adulte, l'exposition au soleil diminue les probabilités de fractures, renforce le cœur, et réduit le cholestérol et le psoriasis. En plus, le soleil réduit les risques de plusieurs types de cancer. Le développement de cancers du sein, des intestins, du rectum et de l'estomac ont tous été étroitement associés aux températures froides dans plus de 32 pays. L'explication tient à la détérioration générale de la santé des gens en hiver. La capacité pulmonaire est à son plus bas. Le système immunitaire n'est pas non plus à son meilleur dans les périodes de grand froid. Bref, on peut dire que les Québécois qui prennent la route du sud chaque hiver prolongent leur longévité. Les snowbirds sont un exemple frappant des bienfaits d'un changement de climat en hiver. Ceux qui souffrent de maladies cardio-vasculaires ont un avantage certain à séjourner quelques mois dans le sud en hiver. Pour ceux qui préfèrent passer l'hiver au Québec, il y a toujours les spas, les saunas et les bains à vapeur, une forme de climatothérapie plus économique. Bien entendu, un changement de milieu climatique ne peut pas à lui seul guérir une maladie. Seuls les traitements médicaux le peuvent. Mais un climat sain peut garantir l'efficacité d'un traitement. Pour beaucoup de personnes souffrantes, empêcher une maladie de progresser et en réduire les symptômes peut faire la différence entre une vie de douleurs marquée par l'invalidité et une vie active en santé. Les gens les plus susceptibles de profiter d'un changement de climat en hiver sont surtout les personnes âgées. En vieillissant, les gens ont de plus en plus de difficulté à maintenir leur température corporelle à une valeur stable. La capacité à bien se «thermoréguler» n'est plus aussi bonne qu'avant. Les personnes atteintes de maladies rhumatismales et respiratoires retirent également beaucoup d'avantages à séjourner dans le sud en hiver. Mais attention au retour! Surtout pendant une vague de froid intense. Les gens habitués à la chaleur sont les premiers à grincer les dents. Pour se protéger des assauts du froid, notre capacité à s'adapter à de brusques baisses de température est notre meilleur allié. La première vague de froid qui touche le Québec en hiver est toujours la plus rude. Ensuite, on s'acclimate. La preuve a été fournie dans une étude menée aux États-Unis sur la mortalité en hiver. Quand une vague de froid déferle, on souffre moins et on meurt moins dans les États du Nord que dans les États du Sud. Au Minnesota, par exemple, à St-Paul-Minneapolis, les chercheurs n'ont pas trouvé de signes de surmortalité lorsque le mercure descend sous les -30 C. Mais à Atlanta, en Georgie, la surmortalité grimpe dramatiquement quand la température tombe à... 0 °C. Les militaires et les sportifs d'hiver savent depuis longtemps que s'acclimater est une question de survie pour le corps. Ces gens utilisent souvent une technique qui consiste à s'exposer à des températures glaciales pour stimuler leur corps et s'acclimater avant de séjourner dans les régions polaires. Les bains d'eau froide, par exemple, à raison de 30 min par jour, améliorent la résistance au rhume et au froid. Voilà peut-être une façon pour les snowbirds de se préparer à revenir au Québec après un séjour dans le sud. La prochaine fois que vous vous plaindrez que l'eau de la piscine de votre tout-inclus est trop froide, prenez la chose autrement. C'est le parfait stimulant pour vous préparer à revenir au Québec en plein hiver. ![]() Avec un effet El Nino extrêmement fort cette année, l'hiver qui vient risque bien de passer à l'histoire. Depuis le début de l'automne, les températures sur tout le sud du Québec se maintiennent largement au-dessus des normales de saison. Et avec un épisode El Nino qui n'a pas fini de s'amplifier, il n'y a pas de raisons de croire que les choses vont changer. Le El Nino est un courant d'eau chaude saisonnier dans le Pacifique, au large du Pérou. Le réchauffement de cette eau de surface est si grand à l'heure actuelle que le record de 1997-98 est en voie d'être battu. Quelle relation avec l'hiver qui vient? L'hiver 1997-98 a été marqué par le grand Verglas... Pour leur part, tant le Service Météorologique du Canada que le National Weather Service américain partagent la même opinion sur l'hiver à nos portes. Leurs prévisions saisonnières sont semblables: l'hiver sera chaud. Comment «chaud»? Assez pour se classer dans les 10 hivers les plus doux en 30 ans. Ce temps plutôt anormal sur le Québec est à l'image du climat mondial en 2015, une année de tous les records. Le mois de septembre, notamment, a été le mois le plus chaud à ce jour à la surface du globe, selon l'administration nationale américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA). De son côté, le Service météo en Angleterre, le Met Office, a annoncé le 9 novembre que 2015 sera la première année où la température du globe franchira le seuil de 1 degré Celsius de différence par rapport à l'ère pré-industrielle. En d'autres mots, le réchauffement planétaire ne se compte plus en fraction de degré par rapport aux normales, mais en beaux et gros degrés entiers! Malheureusement, le réchauffement global ne se traduit pas par des hivers toujours plus doux pour le Québec. Les deux derniers hivers en ont fait la preuve. Alors que la plupart des régions de l'hémisphère Nord connaissaient des températures hivernales plus chaudes, le nord-est du Canada et le Québec étaient frappés, pour une deuxième année de suite, par un effroyable vortex polaire qui a fait grincer bien des dents. Il a fait si froid que les Grands Lacs ont gelé en 2014, ce qui n'avait pas été vu depuis 35 ans. L'hiver qui a suivi, en 2015, a été le plus glacial au Québec en 20 ans. Réchauffement global, vous dites? Bref, le El Nino cette année pourrait confondre les sceptiques et faire fondre bien des bancs de neige. Il n'y a pas deux épisodes El Nino semblables. Il est donc difficile d'en déduire des conclusions et des prédictions justes. Ce qu'on sait, par expérience, c'est que des épisodes forts de El Nino sont associés à des hivers québécois aux températures moins froides. Et quant aux précipitations, un effet El Nino puissant comme celui de cette année devrait réduire les quantités par rapport aux moyennes. Mais les amateurs de neige et déneigeurs avides de revenus ne devraient pas désespérer pour autant. Il arrive que des hivers plus doux amènent quand même de bonnes tempêtes de neige. En revanche, avec des températures plus chaudes, le risque de verglas sera à la hausse dans la vallée du St-Laurent. Tout dépendra de la trajectoire des dépressions qui monteront à l'assaut du Québec cet hiver. Mais il n'y a pas que sur la scène météo que l'année 2015 se distingue. Sur le plan astronomique aussi. Depuis 2008, le Soleil est entré dans une phase de grande activité solaire qui devrait se traduire par une série de tempêtes magnétiques et d'éruptions massives de grande amplitude. Or jusqu'ici, c'est plutôt le calme plat. On n'a jamais vu les taches solaires si peu actives depuis plus d'un siècle, selon Paul Charbonneau, titulaire de la chaire de recherche de l'Université de Montréal en astrophysique solaire. Serait-ce le prélude à une super tempête solaire monstrueuse qui nous pend au-dessus de la tête? Personne ne le sait. En attendant, l'année 2015 continue d'être anormale à tout point de vue. Dans bien des pays, c'est de la drôle de météo qu'on parle. À la ville comme à la campagne. Mais attention. Comme le dit un dicton Français, qui parle trop météo passe sa vie au bistro. Illustration: carte d'Environnement Canada des tendances de température pour nov 2015 au 1er fév. 2016. ![]() Le récent changement d'heure au tout début de novembre en a bouleversé plus d'un. Parlez-en aux deux millions de canadiens qui en ont fait une migraine. Ou aux victimes d'infarctus et de crises d'angines qui ont augmenté de 5% dans les jours qui ont suivi le changement d'heure. Malgré sa technologie et son confort moderne, l'homme n'échappe pas aux influences des changements de saison. Certains s'en réjouissent. D'autres s'en rendent malade. En automne, toute la nature commence à stocker. Notre corps s'en rend compte et fait pareil. En général, c'est à la fin de l'automne, en novembre surtout, que les gens gagnent le plus de poids dans l'année. Curieusement, c'est aussi à l'automne que les gens sont les plus fidèles dans leurs relations amoureuses. Selon un sondage auprès de 10 000 Français et Européens réalisé par le site internet Gleeden, le plus populaire des sites de rencontres en ligne, le taux d'infidélité des couples atteint son maximum en été (39 %), et son plus bas taux en automne (12 %). Selon les spécialistes, le temps froid de l'automne inciterait les gens à rechercher de la chaleur humaine sincère plutôt que des aventures sans lendemain. On devrait déplacer la St-Valentin en novembre. Les variations saisonnières dans notre vie sentimentale sont fortement liées à l'action de la sérotonine dans le cerveau. La sérotonine, surnommée l'hormone du bonheur, est un neurotransmetteur qui relaie des messages sous forme bioélectrique dans le corps. De nos émotions amoureuses aux crises de colère en passant par nos désirs sexuels, notre mémoire et notre appétit, tout l'éventail de nos sentiments et de nos émotions est géré par cette hormone qui agit comme un vrai chef d'orchestre dans notre humeur du jour. Or, les changements de lumière saisonniers sont connus pour affecter sérieusement le taux de sérotonine dans l'organisme. Par ailleurs, on sait que les déséquilibres dans les niveaux de sérotonine engendrent de l'anxiété, des crises de panique et des idées sombres. La mélancolie de l'automne tire surtout son origine du débalancement hormonal qui affecte tous les humains à cette époque de l'année. Ce qui change surtout pour l'organisme au cours du mois de novembre, c'est l'alimentation. Subtilement, les gens changent peu à peu de diète à l'automne. Novembre devient le mois où les glucides (les pâtes, le riz, le pain) prennent de plus en plus de place dans les repas. Novembre est aussi l'un des mois où les gens ont le plus faim dans l'année. La même grosseur d'assiette qui nous aurait rassasié en juillet n'est plus suffisante en novembre. Vers la fin de l'automne, la consommation de calories peut augmenter de 10% par jour comparé aux autres mois de l'année. Cet appétit et cette passion pour la bouffe et les émissions culinaires à la télé qui revient à chaque rentrée chez les Québécois est dicté par le cycle des saisons. Le climat s'apprête à changer. Et avec lui, nous aussi. Comme si le corps anticipait l'arrivée prochaine du froid de l'hiver, l'organisme se conditionne lui-même et fait ses propres réserves. Lorsqu'il s'agit de lutter contre le froid, ce n'est pas la quantité de nourriture qu'on absorbe qui compte, c'est le type de nourriture. La chaleur énergétique d'un homme après avoir mangé un repas riche en protéines animales et en gras est estimée à 33 cal/h. Si le repas est composé de glucides (pour une même teneur en calories), cette valeur tombe à 21 cal/h. Bref, quand on a froid, le corps tire meilleur profit d'un repas riche en viande plutôt qu'en légumes, en pâte, pain ou riz. Le hic, c'est que la viande rouge augmente le risque de cancer colorectal. Voilà peut-être l'une des raisons pourquoi la mortalité au Québec augmente en flèche à partir de la mi-novembre... Après tout, novembre n'est pas le mois des morts pour rien. Source : Sargent. F. «Season and the metabolism of fat and carbon hydrates», Meteorological Monographs 1954, 2,8, 68-80; INSPQ, la mortalité et l'espérance de vie au Québec en 2012, mai 2013, no, 26. ![]() On attendait un monstre météorologique, le plus puissant ouragan à frapper l'hémisphère nord. Or, le récent ouragan Patricia a fait très peu de vagues. Peu de dommages et encore moins de victimes ont été causés par le cyclone sur sa trajectoire. La tempête hyper-médiatisée n'a pas livré la marchandise, pourrait-on dire. Mauvaise estimation des experts ou pas, il n'en fallait pas plus pour renforcer un préjugé tenace: les ouragans portant un nom féminin font moins peur et causent moins de dommages que les ouragans au nom masculin. L'ouragan Victor sera toujours plus destructeur que l'ouragan Victoria! Le hic avec cette croyance, c'est qu'elle est totalement fausse. Une récente revue de 94 ouragans sur 60 ans, aux États-Unis, a révélé que c'est le contraire qui est vrai. Les ouragans aux noms féminins causent beaucoup plus de victimes et de dégâts que les ouragans masculins. La raison est simple. Les gens ont moins tendance à prendre au sérieux les consignes de sécurité et d'évacuation lorsque l'ouragan porte un nom féminin. Ils prennent moins de précaution et sont alors plus sévèrement frappés par la tempête quand elle arrive. Selon les chercheurs de l'étude conjointe de l'Université d'Illinois et l'Université d'Arizona, c'est la perception du risque qui est en cause. Pour des raisons culturelles et sociales, les gens attribuent des rôles traditionnels aux genres masculin et féminin. Les hommes sont perçus comme forts, actifs et agressifs, alors que les femmes sont vues comme faibles, passives et douces. La violence est toujours l'œuvre des hommes, alors que les femmes sont paisibles, pense-t-on dans la société. Bref, la coutume de donner des noms aux ouragans engendre des attentes basées sur des schèmes de pensée sexistes. Ce n'est pas le danger imminent qui entraîne la réponse des gens à prendre des actions protectrices. C'est la perception de la menace. Les chercheurs ont découvert aussi qu'autant ceux qui affirment, que ceux qui rejettent la notion de différence d'agressivité entre les hommes et les femmes vont baser leur intention d'évacuer ou non sur la base du prénom donné à l'ouragan. Pourquoi donner un nom aux ouragans? Parce que c'est plus pratique qu'une série de chiffres de latitude et de longitude. La coutume de donner un nom exclusivement féminin aux ouragans s'est terminée en 1975, sous la pression du mouvement féministe de l'époque. Depuis, l'Organisation mondiale de la Météo (OMM), un organisme de l'ONU chargé de donner les noms aux ouragans, alterne entre un nom d'homme et de femme. Les résultats de cette étude américaine publiée en 2014 mettent en perspective les conséquences malheureuses et non voulues de l'habitude de donner des noms d'homme et de femme aux ouragans. Cette étude fait aussi la preuve éclatante du besoin de considérer les facteurs sociaux dans la façon dont les gens réagissent aux intempéries et aux catastrophes naturelles. D'importantes implications émergent également des conclusions de cette recherche universitaire pour les autorités, les organismes de règlementation et les médias, en matière d'intervention et de sécurité publique dans les situations d'ouragan. La pratique même des météorologues de donner un nom aux ouragans devrait être revue selon plusieurs experts. Les ouragans font 200 morts par année aux États-Unis. Selon les statistiques, un ouragan portant un nom masculin cause la mort de 15 personnes, alors qu'un ouragan au nom féminin en cause 42. Ref : Female hurricanes are deadlier than male hurricanes, Proceeding of the National Academy of Sciences of The United Sates of America, vol 111 no. 24 8782-8787. Fév. 2014. |