L'hiver est la saison des vents violents au Québec. Après les rafales de 90 km/h du 10 janvier qui ont provoqué l'effondrement de deux murs au centre-ville de Montréal, les vents de 100 km/h qui ont balayé la Rive-Sud le 20 février ont même fait un mort à la suite d'une sortie de route. Les vents dépassant les 90 km/h causent habituellement des dommages aux structures et aux toitures. Conduire un véhicule devient plus difficile. Et marcher s'avère impossible. Les vents peuvent être bénéfiques comme maléfiques... Beaucoup de pays ont leurs vents maudits, renommés pour leurs effets malsains sur la population. Pour la plupart des gens, les vents sont comme les rencontres dans la vie. Certaines vous effleurent, d'autres vous jettent par terre. Pour le Bureau d'assurance du Canada (BAC), toutefois, le vent, c'est du sérieux. Les vents sont même devenus l'une des causes majeures de réclamations au Canada. Les vents violents, les microrafales et les tornades constituent désormais le risque principal aux maisons. Ce risque est même devenu supérieur à celui lié aux incendies. Mais en dehors de leurs conséquences typiques dans nos vies, les vents ont aussi des répercussions psychologiques importantes et invisibles sur les gens. Selon des recherches en psychologie, des vents supérieurs à 40-50 km/h déclencheraient des instincts primaires chez les humains, comme une impulsion urgente de se braquer ou de chercher un abri. Bref, le corps réagit comme s'il subissait une attaque quand il vente fort. Le vent nous irrite d'abord par la friction qu'il cause sur la peau et en asséchant les passages nasaux et les muqueuses. En outre, le corps consomme davantage d'énergie quand il lutte contre le vent. La fréquence cardiaque et la pression sanguine augmentent. Les pupilles se dilatent, davantage d'air entre dans les poumons. La peau du visage rougit. Les mêmes signes sont observés chez un athlète avant une compétition. Tout le processus est inconscient, mais les résultats restent les mêmes. Ces réflexes de notre organisme, conditionnés depuis des âges, sont le signe que le corps est en train de s'adapter à un nouvel état de l'atmosphère. Au-delà d'une certaine vitesse de vent, la peau commence à transmettre des signaux d'avertissements au cerveau. On est pris d'un vague sentiment de malaise, d'anxiété. En observant les comportements des piétons en milieu urbain, on a pu démontrer que les gens marchent plus vite quand il vente fort. Dès que les vents dépassent les 50 km/h, les piétons ne marchent plus, ils se précipitent, comme pour échapper au vent. Chaque sexe répond de façon différente à l'action du vent. Les hommes restent tendus et ont tendance à se pencher contre le vent, comme prêt à se battre. Les femmes, elles, sont moins hostiles dans leurs réponses, préférant regarder pour un abri ou un objet auquel s'agripper. Un des effets procurés par l'action de marcher contre le vent est un sentiment d'euphorie qui vous donne parfois envie d'accomplir quelque chose de grand. Certains individus vont même connaître une augmentation en productivité à court terme, en réaction typique à l'adrénaline qui coule plus abondamment dans les veines les jours de grands vents. Or, l'adrénaline est une hormone associée à l'agressivité et l'hostilité. Ce qui explique en partie pourquoi les expériences émotionnelles semblent intensifiées quand les vents soufflent fort. Sur les terrains de jeux et dans les cours d'école, les escarmouches et les querelles seraient jusqu'à 3 fois plus nombreuses quand les vents soufflent à plus de 60 km/h. Le vent peut avoir aussi un effet énergisant sur la santé, ce qui a souvent été démontré. Cet effet peut même être un avantage. Les gens qui vivent constamment exposés aux vents côtiers, comme les Madelinots ou les Gaspésiens, sont réputés pour être moins prompts aux rhumes et aux grippes. Ces régions du Québec sont aussi plus exposées aux tempêtes côtières et aux ouragans post-tropicaux, générateurs de coups de vent et de bourrasques. Au Québec, les vents ont été aussi à la source de nombreuses expressions du langage comme venter à écorner les bœufs, attache ta tuque avec de la broche et virer son capot de bord. Même la politique québécoise a été marquée par l'influence des vents sur l'imaginaire du peuple. En effet, le mot «girouette» est devenue l'insulte suprême qu'on peut lancer à un député. Banni du vocabulaire des élus du Parlement du Québec, le mot fait partie d'une liste de 300 expressions ou mots interdits aux députés dans l'exercice de leurs fonctions à l'Assemblée nationale ! Références • Weather Influence, Edwin Grant Dexter. • «Que dire et ne pas dire à l'Assemblée nationale», Benoît Melançon, Le Devoir, 23 septembre 2014.
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