
Il a été souvent démontré que les grands froids de l'hiver engendrent un stress social dans la population, en plus d'exercer une pression sur les services de santé. Selon d'autres études, les intempéries ont même le pouvoir de faire décrocher les criminels, du moins pour un temps. Pendant la crise du verglas, le taux de criminalité est tombé de 56 % à Montréal. Ce qui est moins connu, c'est que le froid réduit davantage le seuil de tolérance des gens que la chaleur. L'amabilité, la courtoisie et l'attention prennent vite le bord par temps froid. Essayez de demander un renseignement sur la rue à quelqu'un par temps glacial, vous verrez. Ne riez pas. L'expérience a déjà été faite et les résultats sont sans équivoque.
Tout le monde se rappelle de cette histoire qui a fait la manchette en janvier 2014, un des hivers les plus froids depuis 30 ans à Montréal. Un policier avait été filmé par un passant alors qu'il demandait à un sans-abri d'arrêter de quémander de manière insistante à la sortie du métro Jean-Talon. « Je te le dis, si j'ai un autre appel au 911 pour toi, je t'attache une heure après le poteau, puis je te le jure, regarde-moi dans les yeux », disait le policier. L'air hagard, l'itinérant était vêtu d'un tee-shirt et d'un bermuda, en plein hiver. La température à ce moment à Montréal était de -27 C avec une valeur ressentie de -39 C. L'hostilité et l'agressivité fleurissent dans le froid extrême.
Il a été de nombreuses fois démontrées dans des études sérieuses que les grands froids de l'hiver engendrent un stress social dans la population, en plus d'exercer une pression sur les services de santé. Selon d'autres études, le froid cinglant a même le pouvoir de faire décrocher les criminels, du moins pour un temps. Pendant la crise du verglas, le taux de criminalité est tombé de 56 % à Montréal. Ce qui est moins connu, c'est que l'effet du froid en hiver réduit encore plus le seuil de tolérance des gens que la chaleur en été. On devient moins social, plus intolérant et prompt aux pensées hostiles.
Très peu de recherches ont été faites au Québec sur l'influence du froid sur l'agressivité et la violence. Et pourtant, la question est légitime. Après tout, le Québec est la province la plus froide du Canada. Mais aussi, le Québec est le royaume de l'inconduite sur les routes et le paradis des chauffards selon l'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, qui ne se prive pas de le dire à toutes les tribunes. En 2008, le Québec était aussi la province où la violence conjugale était la plus répandue au pays selon Statistique Canada. Bref, les Québécois sont loin d'être les anges du paradis que certains aiment imaginer.
Le phénomène de la rage au volant semble donner du poids à l'hypothèse que l'hiver exacerbe davantage les sentiments hostiles que la chaleur peut le faire en été. En été, avec plus de gens sur les routes et avec une durée du jour plus longue, il serait normal que les cas de rage au volant soient plus nombreux. Or, c'est le contraire qu'on observe. Du moins, pour les cas les plus médiatisés.
Note:
Les cas de rage au volant ont été recensés dans les médias (Journal de Montréal, La Presse) aux dates suivantes: 19 déc. 2003, 9 déc. 2010 et 20 juil. 2010 à Montréal, 16 fév. 2002 à Le Gardeur, 23 nov. 2011 et le 11 janv. 2009 à Laval (tentative de meurtre). Les données météo proviennent d'Environnement Canada. Climat ec.gc.ca