Des petites agressions de la vie de tous les jours à l'instabilité politique à grande échelle, une relation directe a été établie entre les températures élevées et les conflits humains. De nombreuses études sont arrivées à la même conclusion : plus le mercure grimpe et plus les esprits s'échauffent. Cette croyance a traversé les époques. La chaleur ne fait pas que saper notre vitalité physique. Elle affecte nos habiletés mentales, notre jugement moral et fait augmenter l’impulsivité et l’agressivité. William Shakespeare reconnaissait cette influence malsaine de la chaleur quand il a écrit Roméo et Juliette. C’est un excès de violence commis dans la chaleur du moment par Mercutio, l’ami de Roméo, qui précipita la suite tragique des évènements menant à la mort des célèbres amoureux. Lorsque Mercutio fut pris du désir d’en découdre avec le clan des Capulets, il aurait fait mieux d’écouter son compagnon, Benvolio, quand celui-ci essaya de le prévenir : « Je t'en prie, bon Mercutio, retirons-nous ; la journée est chaude; les Capulets sont dehors, et, si nous les rencontrons, nous ne pourrons pas éviter une querelle : car, dans ces jours de chaleur, le sang est furieusement excité ! ». L’avertissement tomba dans l’oreille d’un sourd. La querelle qui suivit scella le destin de Mercutio, puis ultimement, la fin tragique de Roméo et Juliette. La chaleur a la réputation d’être capable de nous faire perdre la tête. Un autre auteur célèbre a trouvé les mots justes pour décrire de façon sensible cette tension nerveuse que seule la chaleur peur exacerber. Dans l’Étranger, publié en 1942, Albert Camus (1922-1967) fait dire à son personnage principal accablé de chaleur: «La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. À cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil.»
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Au Salon du Livre de Trois-Rivières, avec l'auteure de "Trente deniers", Léolane Kemner, des fans de météo, et Donna Sénécal, la mère de Joleil, auteure de "Joleil: 9 ans pour toujours".
Au Salon du Livre de Québec, lecteurs jeunes et vieux, malades ou en santé, amateurs de sports de plein air ou retraités, tout le monde a quelque chose à dire sur la météo.
Avec Mc Gilles de l'émission de Radio-Canada Infoman, Bizz des Loco Locass et Stéphane Dubé, le barbu des Denis Drolet au Salon du Livre de Montréal 2016. On parle tous météo!
L'auteur des Baromètres Humains et météorologue Gilles Brien parle de la pluie et du beau temps avec des visiteurs du Salon du Livre du Saguenay-Lac-St.-Jean.
Avec Ghislain "Bob Binette" Taschereau, des fans de météo et le Commandant Piché au Salon du Livre de Rimouski
Que signifient 279 mm de pluie dans la vie courante? Quelles sont les pires chutes de pluie jamais tombées au Québec et dans le monde? Quel est l’endroit où il ne pleut jamais? Survol des pluies abondantes et des tempêtes d'été au Québec depuis 1921. Les 10 tempêtes de pluie les plus meurtrières au Québec 1. Le déluge de Charlevoix 13-19 mars 1936 220 mm 11 victimes 2. Le déluge du Saguenay 19-22 juillet 1996 279 mm 10 victimes 3. Le cyclone Audrey 2 juillet 1957 120 mm 10 victimes 4. Le Déluge de Baie Comeau 3 novembre 1966 190 mm 5 victimes 5. Le déluge de Montréal 14 juillet 1987 102 mm 2 victimes 6. Le déluge de Sherbrooke 24 sept-1er oct 2010 150 mm 2 victimes 7. Le déluge de Gaspésie 8-9 août 2007 115 mm 2 victimes 8. Le déluge de la Côte Nord 31 juil-3 août 2008 159 mm 2 victimes 9. Le déluge de Rivière-au-Renard 8-9 août 2007 115 mm 2 victimes 10. Le cyclone Irène 28 août 2011 150 mm 1 victime Le déluge du Saguenay en chiffres Accumulation de pluie 279 mm Nombre de victimes 10 Nombre de maisons détruites ou endommagées 1718 Nombre de personnes évacuées 16 000 Nombre de lignes téléphoniques coupées 8 000 Cout total estimé 1,5 milliard $ Nombre de barrages au Québec 11 000 Qu’est-ce que 279 millimètres de pluie signifie? Pluie en 24h Signification 0,2 mm seuil de détection 1 mm les cheveux sont mouillés 5 mm formation de flaques d’eau 10 mm les pique-nique sont à l’eau 25 mm circulation automobile entravée 50 mm pluie abondante 100 mm les puisards débordent 200 mm les rivières débordent 279 mm cumul de pluie de l’été à Montréal (267 mm) Les records de pluie dans le monde Il tombe moins d’un mètre de pluie par année sur le sud du Québec. Les régions tropicales en reçoivent vingt fois plus. Voici quelques exemples d’extrêmes de pluviosité. L’endroit le plus sec: le désert d’Atacama au Chili où il n’a pas plu depuis 500 ans L’endroit le plus pluvieux: Cilaos, sur l'île de La Réunion ; 1800,7 mm les 15-16 mars 1952 Le plus grand déluge au Canada: Ucluelet, en C.-B, le 6 oct. 1969 ; 489 mm en 24 h La ville la plus pluvieuse au Québec : St-Fortunat, en Estrie avec 1066,4 mm de pluie par an Références : Environnement Canada, Climat-Québec, Ouranos, «Survol des cas de pluies abondantes au Québec » Rapport scientifique SEC-Q99-02, Centre de Prévision des Ouragans, Institut National de Santé publique, Ville de Saguenay, Base de données canadienne sur les catastrophes, Encyclopédie Canadienne.ca J'étais fébrile ce matin-là. C'était mon premier quart au poste de temps violent. Le Québec n'est pas l'Oklahoma. Les tornades sont beaucoup moins nombreuses. Mais quand même. Fallait rester vigilant. Pendant que le monde avait les yeux tournés sur les Jeux Olympiques qui s'ouvraient à Atlanta, mes yeux à moi étaient rivés sur de curieuses données de pluie provenant du Saguenay. J'ai d'abord cru que la station automatique était défectueuse. Les chiffres n'avaient pas de sens. Un coup d'œil au radar du Lac Castor confirma mes craintes. Ce n'était pas un orage. Mais bien pire. Le super amas orageux qui faisait du surplace dans le Saguenay avait un nom. Ce nom fait trembler les météorologistes les plus aguerris: mégacyclone. Au Centre météorologique du Québec, un édifice grisâtre bardé d'antennes à Ville Saint-Laurent, la journée allait être longue. On était le 19 juillet 1996. En plus, pas de veine, j'avais oublié mon lunch. Plus les rapports météo et les observations rentraient, et plus mes collègues et moi étions conscients que quelque chose d'inhabituel se passait. Nous savions que la pluie allait être abondante. L'air était très instable et humide. Et le système dépressionnaire, très puissant. Toutes les conditions étaient réunies pour une tempête parfaite sur le Québec en vacances. Une tempête qui se serait trompée de saison. Quand j'ai relevé mon collègue au poste-radar, j'étais loin de me douter que j'allais assister en première ligne à la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire du Canada. Prudents, nous avions osé le chiffre de 100 millimètres dans nos prévisions. Il en est tombé le double. L'équivalent des chutes du Niagara pendant deux mois. C'était la première fois au pays qu'un désastre naturel causait 1 milliard $ en dommages. Le phénomène était si incroyable que tout le monde est monté au front les jours suivants pour affirmer que l'évènement était exceptionnel et très rare. Le premier ministre de l'époque, Lucien Bouchard, déclara qu'un tel déluge ne se produisait qu'une fois tous les 1 000 ans. Les climatologues du fédéral, eux, parlaient de 100 ans. Pour leur part, des universitaires disaient 30 ans. La vérité est que... personne ne le sait. Avec le climat qui change, c'est aussi nos repères et nos «normales» qui prennent le bord. Après le déluge du Saguenay, une commission d'enquête, deux campagnes de charité et trois spectacles hommage plus tard, l'opinion publique est passée à un autre sujet. Pourquoi s'en faire? On ne reverra jamais un désastre naturel semblable. On avait tort. Deux ans plus tard, une catastrophe dix fois plus dévastatrice a mis le Québec à genoux: le grand Verglas. Le mois de juillet cette année marque le 20e anniversaire du déluge du Saguenay. Pendant que tous les regards seront tournés vers les Jeux du Brésil, gardons l'œil ouvert au-dessus de nos têtes. On ne sait jamais... La vague de chaleur qui touche le Québec fait grimper le mercure, mais aussi bien d’autres choses. Les intoxications alimentaires, par exemple. L'impatience derrière le volant. Ou la violence domesti-que. La chaleur change de façon draconienne la manière dont nous réagissons avec les autres. Chaque peuple a son niveau de tolérance à la chaleur. Certaines cultures ont aussi des seuils différents quant à la violence et l’acceptation sociale de comportements agressifs. Des festivités populaires très violentes, par exemple les courses de taureaux de la Saint-Firmin, en Espagne, ne pourraient pas être tenues dans un climat froid comme au Québec ou en France. La chaleur occupe une place spéciale dans notre vocabulaire pour décrire nos états d’esprit. Les expressions langagières comme «ça va chauffer», «bouillir de colère», «être brûlé», «pèter le feu», «ni chaud ni froid» sont là pour le démontrer. Dans toutes les langues et les cultures, le «chaud», c’est la vie, le cœur qui bat. La chaleur provoque des changements physiologiques qui se mesurent dans le sang et le métabolisme. Des hormones connues pour exacerber des comportements agressifs et violents sont relâchées dans le corps quand il fait trop chaud. Au cours de la Première Guerre mondiale, des millions de soldats ont été déployés partout dans le monde pour la première fois dans l’histoire. Sans raison apparente, des hommes hautement entrainés pour des fonctions vitales, comme le télégraphe, devenaient inefficaces dès qu’ils mettaient le pied dans un pays au climat tropical. En étudiant les réactions de ces hommes, les scientifiques de l’armée ont fait alors une trouvaille. Bien que les soldats affectés par la chaleur admettaient se sentir plutôt incommodés, ils ne réalisaient pas être en train de devenir de plus en plus incompétents. Bref, les effets psychologiques de la chaleur ressemblent étrangement à ceux de la fatigue. On reconnait que ça ne va pas bien, mais on se croit capable de travailler quand même. En d’autres mots, lorsque les soldats étaient écrasés par la chaleur et l’humidité, les hommes perdaient leur habileté à penser clairement et à juger de leur travail de façon objective. Le British Journal of Industrial Medecine, dans les années 1920, décrivait cet effet psychologique comme : «une tendance à être satisfait de ses efforts et blâmer les autres ou la machine pour tout ce qui va mal.» À l’époque des colonies britanniques et françaises, alors que les échanges commerciaux entre les régions tropicales et l’Europe s’accéléraient, les compagnies maritimes qui envoyaient leurs bateaux sous les Tropiques remarquaient des problèmes avec leurs équipages. Il y avait plus d’indiscipline, de mauvaises attitudes, plus d’accidents et de maladies. On croyait que le mal du pays était à l’origine du problème. En réalité, c’était la chaleur. La mutinerie du Bounty : un coup de chaleur La célèbre mutinerie du HMS Bounty, un navire britannique qui a fait l’objet de 4 films, 52 livres et d’une pièce de théâtre est un exemple frappant des effets de la chaleur sur les hommes. Le bateau avait été acheté par la Royal Navy pour naviguer jusqu'à Tahiti, embarquer des plantes et les emmener aux Antilles où elles seraient cultivées pour nourrir les esclaves. En 1788, après 10 mois de traversée, le Bounty atteint Tahiti. Pendant cinq mois, l’équipage vit à terre et s’acclimate. Le 4 avril 1789, c’est le voyage de retour. Le bateau met le cap sur le nord. Quelques jours plus tard, la mutinerie éclate à bord. Habitué à la chaleur et à un rythme de vie tropical, l’équipage avait préféré se révolter contre sa Majesté plutôt que se remettre au boulot! Une émeute récente due à la chaleur à la prison de Bordeaux à Montréal récemment a fait la manchette. Chez beaucoup de gens, la chaleur peut déséquilibrer la chi-mie du corps et inciter à la violence, selon Norman Rosenthal, le médecin à l’origine de la découverte du syndrome affectif saisonnier et auteur du livre «Seasons of The Mind».[1] Les évidences que la chaleur affecte nos colères comme notre propension à la violence sont nombreuses. Dans les régions au sud de l'hémisphère Nord, des températures plus élevées sont associées à un risque accru de comportements violents. Dans les pays nordiques, la période à risque débute après l’équinoxe du printemps. Le premier médecin à étudier les relations entre la température et la violence était un Italien réputé pour sa collection de crânes de criminels. Cesare Lombroso (1835-1909) est le père de la criminologie biologique, un domaine d’études qui a donné naissance à la science du profilage policier. Lombroso avait remarqué que les crimes contre la personne augmentaient en été, tandis que les crimes contre la propriété étaient à la hausse en hiver. Dans son livre « Le Crime, ses causes et ses remèdes »[1], Lombroso s’appuie sur des données de crimes sexuels recueillis en Europe pour affirmer que ce type de crimes atteint son maximum dans les mois les plus chauds de l’année. Après avoir recensé les crimes politiques, il va plus loin et prétends que presque tous les soulèvements populaires et les révolutions que le monde a connu entre 1791 et 1880 se sont produites en été ou par temps très chaud. La prise de la Bastille. La révolution américaine. Et ainsi de suite. Pour prouver sa thèse, Lombroso fait valoir que dans l’hémisphère sud, on observe le même phénomène, mais de façon inverse. Alors que juillet est le mois des révolutions en Europe, dans l’hémisphère sud, c’est le contraire. Janvier est le mois où l’on observe le plus de troubles politiques, de changements de juntes et de coups d’état. Pour sa part, le psychiatre Américain Richard Michael a consacré sa carrière à l’étude des effets de la chaleur sur la violence. Dans les années 1980, le Dr Michael a analysé 27 000 cas de femmes maltraitées par leur conjoint. Il a découvert que la fréquence des abus est étroitement liée aux variations annuelles de la température, le maximum de violence se retrouvant dans les mois les plus chauds. Les résultats de sa recherche publiés dans le American Journal of Psychiatry en 1987 avaient été reçus plutôt froidement par les experts du sujet, certains d’avoir bien cerné la problématique de la violence conjugale. Le titre même de l’étude (An Annual Rhythm in the Battering of Women/un rythme annuel chez les femmes battues[3]) en avait fait sourciller plus d’un dans les milieux féministes. Avant son étude, personne ne se doutait que le phénomène des femmes battues suivait des variations saisonnières. [1] Guilford Press (1993) [2] Canadian Journal of Psychiatry [3] American Journal of Psychiatry |